Pour lutter contre la pandémie de coronavirus, le confinement a été une expérience inédite, unique en son genre. Qui aurait cru que quelques mois plus tard, on partirait sur un… Couvre feu ? Bienvenus dans l’année des premières fois ! Et du coup, coincés chez nous, quel est notre rapport à l’alcool ? A en croire l’enquête menée par Santé Publique et dévoilée le 13 mai 2020… Bah on buvait moins. Surpris ? Tirons les enseignements de cette période qu’on préférerait oublier.
Le confinement : apéro à domicile
Lorsque la fermeture des bars et restaurants a été décrétée, les Français se sont retrouvés privés de trois plaisirs bien de chez nous : manger, boire, avec des copains. Les copains, en confinement, on a fait une croix dessus. Côté manger, nous nous sommes découverts des talents insoupçonnés de chefs étoilés. La première semaine, c’était pâtes au pesto maison, au bout de la 3ème semaine Google était assailli de recherches pour faire son propre levain. Côté boire par contre… 24% des Français ont déclaré avoir moins bu d’alcool pendant la période. A croire que les apéros Skype n’étaient pas du goût de tout le monde ?
Le couvre feu : apéro ou pas apéro ?
Le couvre feu, ça va être une autre histoire. Vraiment ? On va pouvoir voir des gens (10 dans la rue, 6 chez vous). On va pouvoir prendre un verre (mais seulement au resto, et à 21H il faudra être rentré). Les bars restent fermés, trop coronavirus friendly. La différence avec le confinement est pas hyper nette, à moins que vous ne comptiez commencer vos journée à 6H pour dîner à 17H et terminer de trinquer au plus tôt (9PM is the new midnight). Même si les règles du couvre feu ne sont pas exactement les mêmes que celles du confinement, on nous propose clairement un projet métro-boulot-dodo. Oui, vous pouvez ré-installer House Party…
On a bu quoi pendant le confinement ?
Qu’avez-vous bu pendant le confinement ? Et bien pour commencer, pas du champagne. L’esprit n’était pas à la célébration. Petit regain des ventes quelques jours avant le déconfinement, histoire de préparer le retour à la liberté. Par contre, vous vous êtes lâchés sur… Les petits prix. Depuis plusieurs décennies, le marché du vin suit la même tendance : les volumes vendus baissent, mais la valorisation augmente. Confinement et crise du coronavirus ? Marche arrière toute. Les IGP ont le vent en poupe, portées par les Bag In Box (BIB) qui présentent un intérêt économique évident, avec un prix moyen imbattable à 3,86€/L, doublé d’un positionnement sur une consommation modérée puisque le BIB permet d’étaler sa consommation.
L’essor du e-commerce et du Beaujolais
Désolée pour ce schéma très moche mais néanmoins très clair sorti par Vin et Société (chiffres IRI). Vous avez ici l’évolution des achats de vin vs l’année dernière à la même période. Les seuls vins d’appellation épargnés pendant le confinement provenaient du Beaujolais, région viticole qui bénéficient d’une bonne image prix. Attention, l’étude ne prends pas en compte les cavistes et les sites de vente de vin en ligne (ni les drives). Bien dommage car la plupart des sites ont explosé niveau ventes (des chiffres dignes d’un mois de décembre en plein milieu de l’année). Leur poids dans la distribution n’aurait cependant pas suffit à contrebalancer la tendance globale (80% des vins sont achetés en grande distribution pour rappel).
Et le couvre feu, ça va donner quoi ?
Si les tendances du couvre feu sont similaires à celles du confinement, votre foie vous remercie d’avance. Néanmoins… La conclusion d’une moindre consommation d’alcool pendant le confinement me laisse perplexe. D’abord, parce que les Français auraient moins bu… d’après leur dire. Et vous savez que toujours d’après leurs dires, ils n’achètent pas de poulets élevés en batterie, privilégient la provenance France pour leurs achats de fruits et légumes même quand la tomate Espagnole est en promo, et boivent « raisonnablement » lorsqu’ils vont au bar. Il y a toujours un différentiel entre l’image projetée de sa consommation, et sa consommation réelle.
Toute la cave y est passée !
Deuxième biais, les conclusions de l’étude s’appuient sur des éléments factuels : les sorties caisses des magasins. Si vous n’achetez pas, c’est que vous ne consommez pas. Raisonnement implacable quand on parle de jambon. Mais quand on parle de vin ? Un produit qu’on peut stocker, et qui se bonifie avec le temps ? Une étude Ipsos publiée en 2015 avait analysé les caves des Français. En moyenne, nous gardons 68 bouteilles. Pas mal non ? Mon petit doigt me dit qu’après le confinement, on est à moins que ça !
Si vous voulez mon avis, les Français ont profité du confinement pour descendre dans leur cave et se faire plaisir. C’est le meilleur que je puisse vous souhaitez pour ce couvre feu à venir, et histoire de ne pas vous ennuyer, lisez cet article pour suivre les initiatives digitales rapportées au vin.
dans la vallée du Rhône les septentrionaux s en sont bien sorties avec des volumes constant sur les mois de mars avril et mai et une envolée de + 30% sur juin et idem sur juillet
Jolis chiffres ! La vente directe a cartonné également, et ça je ne pense pas que ce soit monitoré
Super intéressant et complet cet article, Diane ! Bravo pour tous les détails, c’est très parlant 👏🏻
Merci Alex ! J’ai été la première surprise par ces chiffres !
Merci pour les infos et le partage de ton avis Diane. Effectivement l’étude est partielle et les conclusions ne peuvent pas être généralisées.
En effet Sabrina. Typiquement, les données considérées sur le global des ventes ne prennent pas en considération le fait que la France a accueillit zéro touristes (presque) cette année. Du coup, il faudrait rapporter les volumes au nombre de personnes présentes sur le territoire plutôt que de les considérer d’une année sur l’autre.