Longue de près de 800 kilomètres, la Vallée de la Loire est un vignoble qui recèle de merveilles ! D’Ouest en Est, vous trouverez : le vignoble Nantais, l’Anjou et le Saumurois, la Touraine, le Sancerrois, puis les vignobles d’Auvergne. C’est aujourd’hui à l’AOC Touraine que nous allons nous intéresser. Elle s’étend de Saumur à Orléans en passant par le Vendômois. L’appellation Touraine, née en 1939 sous l’appellation « Côteaux de Touraine », a essaimé près de Tours avec la dénomination géographique Touraine Azay le Rideau, près d’Amboise (avec Touraine Amboise et Touraine Chenonceaux), ainsi que près de Blois (Touraine Mesland et Touraine Oisly). Une originalité dans le paysage des appellations françaises qui mérite qu’on y regarde de plus près.
Les terroirs de l’AOC Touraine
Nul besoin de creuser un trou pour découvrir les sols de Touraine ! Tours est située sur la partie la plus occidentale du bassin parisien, ce vaste bassin sédimentaire qui s’est constitué pendant le Crétacé. Cet âge géologique tient son nom du latin créta, qui signifie « craie ». Il coïncide en effet avec une période (le Turonien) où le bassin parisien était recouvert d’une mer chaude et peu profonde. Lorsque l’eau s’est retirée, elle a dévoilé des dizaines de mètres d’épaisseur de dépôts de coquillages : de la craie. Attention, il y a craie et craie. Du Turonien inférieur, nous avons conservé une craie marneuse. Du Turonien supérieur, une craie jaunâtre et sableuse, le tuffeau jaune. Et le Turonien moyen ? C’est sur cette période que s’est déposée une craie blanche et pure, parsemée de quartz et de paillettes de mica : le tuffeau blanc. C’est cette pierre qui a été extraite d’immenses carrières souterraines pour ensuite construire les Châteaux de la Loire. Et c’est ce sol que l’on retrouve en Touraine et en Anjou Blanche. Les galeries d’où ont été extraites les pierres peuvent se visiter, beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui encore utilisées par les vignerons pour leurs propriétés de stockage (hygrométrie et température régulières).
Voilà pour le sous sol ! Et en surface ? Découvrez les spécificités des Bournais perrucheux, des Perruches, des Aubuis et des Graviers sur le site de l’appellation Touraine. Niveau climat, les vignobles Nantais et Angevin-Saumurois sont résolument océaniques de par leur proximité avec l’Atlantique. A partir de la Touraine, nous sommes sur ce qu’on appelle un climat océanique dégradé, c’est à dire que l’influence continentale se mêle à la puissance de l’océan. En résulte moins de pluies que sur la côte, des hivers plus rudes, et des étés plus chauds.
Les vins de l’AOC Touraine à travers les âges
La Vallée de la Loire est une région viticole très ancienne. Dès 587, Grégoire de Tours mentionnait dans le volume 7 de « L’Histoire des Francs » la présence des vignes tourangelles de la basilique Saint-Martin de Tours. Mais la personne qui va vraiment booster les vins de l’appellation Touraine n’est nul autre que le roi François Ier. Grand amateur de vin, il plébiscite en particulier les vins produits à Amboise : « bien que je n’y naquis point, je fus élevé à Amboise et, ma vie durant, eu toujours souvenance du divin breuvage de cette belle cité de Touraine, si chère à mon cœur ». Les vins tourangeaux étaient de fait couramment servis à sa table. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’en son honneur, vous trouviez des cuvées à son nom chez les vignerons. Pour une immersion historique, rendez-vous à l’Auberge du Prieuré, restaurant rattaché au Clos Lucé, dernière demeure du protégé de François Ier : Léonard de Vinci. Vous y découvrirez des mets et des vins qui vous feront voyager dans la Touraine d’autrefois le temps d’un repas !
Aujourd’hui, l’appellation Touraine est surtout connue pour ses vins blancs issus de Sauvignon. Il faut dire qu’ils représentent près de 60% des bouteilles produites. Les rouges quant à eux (22%) sont issus d’assemblages de Côt, de Gamay, de Cabernet Franc… Pour les rosés, on trouve également du Grolleau, du Pineau d’Aunis, du Meunier… Petite originalité, l’appellation propose également des bulles en méthode traditionnelle, en blanc ou en rosé.
Dégustation des vins ambassadeurs de l’AOC Touraine
Maintenant, place à la dégustation ! Qu’attend-t-on d’un vin d’appellation Touraine ? En blanc, il doit être frais, précis, tendu, aromatique, et bien sûr sans défaut. En rouge, deux options : sur dominante Côt, on va rechercher de la matière, du fruit et des tanins. Sur dominante Gamay : du fruit, du fruit, du fruit ! La gourmandise est de mise !! En rosé, j’ai trouvé qu’il était plus compliqué de définir un profil type. Certains sont légers, fruités, d’autres, visiblement issus de macérations plus longues, présentent davantage de corps et de complexité. Ce qui est sûr, c’est que le rosé de Touraine, au contraire de son cousin d’Anjou, est un vin majoritairement sec et vif.
Quoi de mieux pour faire son palais qu’une dégustation de pas moins de 200 échantillons venus de toute l’appellation : 67 blancs, 26 rosés, 26 bulles et près de 80 rouges ? J’ai en effet eu la chance le 5 mars 2021 d’assister à une dégustation un peu spéciale… Au sein du lycée viticole d’Amboise, l’objectif était d’identifier les cuvées qui porteront haut l’image de l’AOC Touraine pendant l’année à venir. 32 dégustateurs, tous professionnels (sommeliers, vignerons, journalistes, interpro…) dégustent à l’aveugle, avec une grille de notation très simple : le vin est-il représentatif de l’appellation Touraine, tant en termes d’identité que de qualité ? 47 vins ont ainsi été distingués pour leurs qualités organoleptiques, vous trouverez la liste ici.
Du coup, si vous avez envie de découvrir par vous-mêmes les caractères des vins de l’AOC Touraine… Piochez dans cette sélection, et (si tout va bien), vous ne serez pas déçus ! Et si l’envie vous prend de visiter l’appellation par vous même… Toutes mes visites coup de coeur sont compilées dans cet article dédié à l’oenotourisme en Touraine !