Bordeaux, précurseur mondial sur ce type de démarche ! L’élargissement de la liste des cépages a été validée le 28 juin 2019 et concerne les Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Mais c’est cette campagne 2021 qui va enfin voir les premières plantations. L’idée est clairement de donner les moyens aux vignerons bordelais de lutter contre le réchauffement climatique en ayant accès à 6 nouveaux cépages. En plus des 13 existants bien sûr : Cabernet-Sauvignon, Cabernet franc, Carmenère, Merlot rouge (grand affaibli du réchauffement climatique), Malbec et Petit Verdot pour les rouges, et Sémillon, Sauvignon, Sauvignon gris, Muscadelle, Colombard, Ugni blanc, Merlot blanc et Mauzac pour les blancs. On découvre ensemble ces six petits nouveaux.
Le dernier né : Arinarnoa
Ce cépage rouge très coloré est issu du croisement entre le Tannat et le Cabernet Sauvignon. C’est un pur produit INRA obtenu en 1956 et homologué en 1981. C’est la première fois qu’un cahier des charges d’AOC le reconnaît. Il produit naturellement peu de sucres et beaucoup d’acidité, des paramètres clés dans le contexte de réchauffement climatique actuel. En effet, les raisins qui produisent beaucoup de sucre vont donner des vins très alcooleux, ce qui n’est pas forcément recherché. L’acidité va quant à elle permettre de garder une belle fraicheur pour les vins jeunes, mais aussi de favoriser la conservation des vins de garde. En bouche, l’Arinarnoa donnerait des vins structurés et tanniques, avec des arômes complexes et persistants.
L’endémique : Castets
Le Castets n’est pas exactement un nouveau cépage… Mais plutôt un cépage oublié qui existait en Aquitaine avant le phylloxera. Il ne lui a pas survécu mais est bien endémique de Bordeaux. Aujourd’hui sur la liste des cépages en voie de disparition, son inscription en tant que nouveau cépage autorisé à Bordeaux est une véritable résurrection. Loïc Pasquet, propriétaire de Liber Pater, a été l’un des premiers à en planter en franc de pied dès 2006. Il est très résistant : pourriture grise, oïdium et surtout mildiou, qui sont de véritables fléaux pour le vignoble. Le Castest permet d’élaborer des vins de garde essentiellement. Il est à date autorisé en cépage secondaire sur l’appellation Palette (Provence).
Le Languedocien : Marselan
Egalement planté par Loïc Pasquet, le Marselan est un nouveau cépage produit par l’INRA et finalisé en 1961 après avoir été testé près de Marseillan (Hérault). C’est un croisement entre le Cabernet Sauvignon et le Grenache. C’est un cépage plutôt tardif, ce qui présente l’avantage de le rendre moins sensible aux gelées précoces d’une part, et d’autre part de décaler le cycle de maturité pour conserver de bons équilibres sucre/acidité. Il est de plus assez résistant à la pourriture grise, à l’oïdium et aux acariens. Un bon point pour les vignerons qui souhaitent réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Le Marselan donne de faibles rendements et des vins ayant un très bon potentiel de vieillissement. On le trouve déjà dans le Languedoc, un peu en Californie, en Suisse…
Le Portuguais : Touriga Nacional
Probablement le moins nouveau des nouveaux cépages… Particulièrement répandue au Portugal, cette variété est très tardive. Elle n’est donc pas sensible aux gels printaniers ni aux pics de températures estivaux. Le Touriga Nacional donne de très beaux vins, aromatiques et complexes, capables de vieillir longtemps… Au Portugal. Pour Bordeaux, ce cépage fait débat. En effet, l’origine étrangère pose question dans le cadre d’une recherche d’adaptation d’un cépage à son terroir. D’après Jorge Alves, vigneron portuguais, le Touriga Nacional s’exprime à merveille sur du granite et des schistes. Bien loin des sols argilo-limoneux de Bordeaux… Hubert de Boüard aurait testé ce cépage il y a bien 10 ans, avec des résultats « décevants ». En effet, entre autres domaines, Hubert de Boüard conseille Poças Junior depuis 2014, une maison de Porto, il maîtrise donc plutôt pas mal la vinification du Touriga Nacional. Pas sûr du coup que les vignerons Bordelais se précipitent sur les plantations…
L’Espagnol : Alvarinho
Bien connu en Rias Baixas en Espagne ou pour les Vinhos Verdes portugais, l’Alvarinho (ou Albariño) arrive à Bordeaux ! Les débats de compatibilité nationale sont de fait similaires à ceux du Touriga Nacional. Nous verrons si ce cépage prend à Bordeaux, mais en l’état il est très résistant aux variabilités climatiques et sa propension modérée à créer du sucre mais élevée à créer de l’acidité permettrait d’obtenir des vins légers. Plutôt très adapté en contexte de réchauffement climatique. Il est de plus très aromatique.
Mon préféré : Liliorila
Pourquoi mon préféré de cette liste de nouveaux cépages alors que je ne l’ai jamais goûté ? Probablement pour son côté poétique : en basque, « lili » signifie « fleur » et « horia » signifie « jaune ». Même si aucun rapport avec la vigne, je trouve ça mignon ! Et du coup ce nouveau cépage né en 1956 est un croisement entre le Chardonnay, que je ne vous ferais pas l’offense de présenter, et le Baroque, un peu plus rare. Le Baroque est originaire de Gascogne, il a la particularité d’être très résistant à l’oïdium. Dommage que le Liliorila n’en n’ait pas hérité… Le Liliorila donnerait des vins aromatiques et puissants, avec une faible acidité. L’exact inverse de ce que pouvaient apporter les cépages précédents… Les vins de Bordeaux étant des vins d’assemblage, il peut s’agir d’une piste intéressante pour l’associer aux autres variétés.
Je finirais cet article sur les nouveaux cépages bordelais par une mention au Petit Manseng, qui faisait partie des finalistes, mais qui n’a pas passé les qualifications. RIP ! Un grand merci à Raymond pour son site qui est une mine si vous cherchez des informations sur un cépage.
bonjour , tres interesse pour mettre en place ces nouveaux cepages sur des parcelles de mon vignoble bordelais; savez vous ou je dois m adresser. en vous remerciant par avance
Bonjour, vous pouvez vous rapprocher de votre pépiniériste habituel et lui demander s’il a des plants disponibles ou s’il peut vous conseiller un collègue à lui 🙂
Bonjour, vous pouvez vous rapprocher de votre pépiniériste habituel et lui demander s’il a des plants à dispo, ou s’il peut vous conseiller un collègue 🙂